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LES RAPPORTS : STYLE ET PROCÉDÉS

de Danton et la rapidité n’est pas la condition la moins favorable.

Les tâches acceptées par Saint-Just n’étaient jamais d’exécution toute simple. Non seulement y fallait-il une certaine détermination de la bonne foi, mais sans parler du courage personnel, un talent difficile autant qu’audacieux : faire quelque chose de rien. Au fond, que pouvaient être les éléments de son travail, quelles pièces pouvait-on apporter à Saint-Just et, s’il en a vu, à quel degré pouvait-il y croire ? Il dit une fois — 8 juillet 93 — qu’elles existent et qu’on les imprimera. Aux murmures du côté droit, c’est Couthon qui répond d’abord, l’orateur fléchissant peut-être : « Cette dénonciation a été signée au Comité de Salut public par des gens qui ne seront pas suspects à ces messieurs. » Et Saint-Just : « La dénonciation signée de ces faits et les pièces à l’appui seront livrées à l’impression. » Ces preuves de la conspiration royaliste, (les Girondins ne nous inquiètent guère), on voudrait savoir si le rapporteur a jugé nécessaire d’y croire. « J’aime assez Barbaroux, disait Robespierre, il ment avec une noble fierté. » Il faudrait convenir que Saint-Just mentait de plus haut encore. Il est impossible de penser de lui comme de Robespierre :