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LES RAPPORTS : STYLE ET PROCÉDÉS

Balancez, si vous le voulez, l’exemple que vous devez à la terre, l’impulsion que vous devez à la liberté, la justice inaltérable que vous devez au peuple, par la pitié criminelle envers celui qui n’en eut jamais ; dites à l’Europe appelée en témoignage : Sers-nous tes tyrans, nous étions des rebelles ; ayez le courage de prononcer la vérité car il semble qu’on craigne ici d’être sincère. La vérité brûle en silence dans tous les cœurs comme une lampe ardente dans un tombeau[1].

Soit dit en passant, voilà de ses images. L’année suivante les nécessités ayant grandi, il humiliera de nouveau leurs scrupules :

Je ne veux point traiter cette question devant vous comme si j’étais accusateur ou défenseur, ou comme si vous étiez juges ; car les détentions n’ont pas pris leur source dans les relations judiciaires, mais dans la sûreté du peuple et du gouvernement. Je ne veux point parler des orages d’une révolution comme d’une dispute de rhéteurs ; et vous n’êtes point juges, et vous n’avez point à vous déterminer par l’intérêt civil, mais par le salut du peuple placé au-dessus de nous.

La première loi de toutes les lois est la conservation de la République, et ce n’est point sous ce rapport que les questions les plus délicates sont souvent ici examinées[2].

Saint-Just avait posé ce principe « qu’on ne

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  2. 8 ventôse. Sur les détentions.