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INTRODUCTION


Quand Mademoiselle Lenéru eut écrit ce Saint-Just, elle me fit l’honneur de me l’apporter. C’était au début de l’année 1906. Son journal garde une trace de cette visite. Je fus frappé par ces pages si passionnément volontaires et par la situation pathétique de celle qui me regardait les lire, sans pouvoir m’en donner aucun commentaire, sinon par l’expression violente de sa physionomie. C’était un vrai spectacle de tragédie de voir avec quelle décision cette jeune fille disait « non » aux injustices de son destin, et réclamait, exigeait toute la part que la vie doit au génie. Cette magnifique attitude, cette volonté de faire front et de nier l’arrêt du sort explique son Saint-Just.

Et vraiment il y fallait une explication !

J’ai vu bien des êtres subir l’empreinte des héros de la Révolution. À l’heure où je suis entré dans la vie politique, les Robespierre, les Danton, les Saint-Just, qui maintenant, ce me semble, gisent dégonflés sur la grève, avaient encore leur force créatrice. Je songe à George Laguerre, à son port