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SAINT-JUST

socialiste français ? — C’est l’opinion de M. Faguet :

Je ne vois, dit-il, pendant toute la période révolutionnaire, de 1789 à 1795, qu’une exception de quelque importance. C’est Saint-Just. Saint-Just a été proprement et nettement socialiste, il l’a été au sens presque strict du terme ; il n’a pas été collectiviste, mais il a été partageux. Le résumé des Institutions républicaines sur ce point est celui-ci : l’opulence est un délit ; l’oisiveté est un crime ; il faut donner des terres à tout le monde ; il ne faut ni riches, ni pauvres ; il faut que l’oisiveté soit punie ; il faut maintenir l’hérédité seulement en ligne directe ; il faut que chaque citoyen rende compte tous les ans de l’emploi de sa fortune ; il faut qu’il n’en puisse disposer que si l’emploi n’en est pas jugé nuisible[1].

En effet, voici quelques articles :

Il faut que tout le monde travaille et se respecte. Je défie que la liberté s’établisse, s’il est possible qu’on puisse soulever les malheureux contre le nouvel ordre de choses ; je défie qu’il n’y ait plus de malheureux, si l’on ne fait en sorte que chacun ait des terres.

Un homme n’est fait ni pour les métiers, ni pour l’hôpital, ni pour les hospices ; tout cela est affreux. Il faut que l’homme vive indépendant, que tout homme ait une femme propre et des enfants sains et robustes ; il ne faut ni riches, ni pauvres.

  1. Questions sociales.