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SAINT-JUST ET ROBESPIERRE

absolues. Interrogé sur ses actes, et ceux du gouvernement, on ne peut douter qu’il eût assumé, eût revendiqué le maximum de responsabilités.

Au fond, l’on ne retrouve guère la mentalité révolutionnaire en Saint-Just. Il n’eut jamais à faire d’opposition et ce n’est pas des robespierristes que se réclament aujourd’hui nos partis de l’extrême-gauche ; Desmoulins et Danton, les modérés, leur sont autrement chers, leur représentent leur propre tempérament mieux que ces faux aristocrates qu’étaient en somme Robespierre et Saint-Just. Celui-ci n’est pas même un élève de Rousseau — si l’on excepte les idées obligatoires de son temps — il n’est pas déiste et se montra toujours très réservé à l’égard de l’Être suprême. Il est l’élève d’un homme de l’ancien régime, style et tournure d’esprit, tout lui vient de Montesquieu. C’était « un homme d’ordre », sa manie d’institutions et de lois en témoignerait moins que son attitude si réservée à l’égard du peuple et par exemple, aux Jacobins, et surtout son incomparable foi au châtiment. Il y a quelque satisfaction de nos jours à rencontrer un homme croyant si fortement à la guillotine.

Quels que soient les sentiments d’horreur, de haine et d’ironie qu’inspire, à l’heure actuelle,