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SAINT-JUST

Dans ce discours qu’il allait prononcer « pour la défense de Robespierre », parlant des menées du Comité, il dit : « Pour moi je n’ai point à m’en plaindre, on m’a laissé paisible comme un citoyen sans prétentions et qui marchait seul ». Ainsi, dans cette défense de l’ami, il a soin de marquer leur écart politique. On les confondait si peu qu’après les disputes de la nuit et la grosse affaire, pourtant, de son rapport dissimulé, ce ne sont pas les comités qui songent à l’impliquer dans la défaite de Robespierre, mais un certain Louchet, qui fit preuve ce jour-là d’un remarquable esprit de suite et, quand on s’égarait, n’oublia rien ni personne. Il eut soin de rappeler qu’en votant l’arrestation des deux Robespierre, on avait également entendu voter celle de Saint-Just et Couthon. Bien plus, quand Billaud-Varennes monte à la tribune, Barère s’approche de lui : « Ne t’en prends qu’à Robespierre, laisse là Couthon et Saint-Just[1]. » Il ne se croit pas compromis par Robespierre, c’est sans nul intérêt, je dirais même de parti, c’est librement qu’il le défendit.

Il faut l’avouer, ce discours du 9 thermidor est un acte d’héroïque abnégation. Si l’homme qui avait restauré la

  1. Second rapport de Courtois.