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SAINT-JUST

vague roman d’énigmes et de sphynx, entrevoyant des ruptures et des catastrophes, c’est par manière de pressentiments, avec des mots troubles, sans analyse et sans faits. Nous voudrions oublier les ensembles, ne voir un moment que les rapports de deux hommes entre eux. Encore plus que son histoire politique, l’histoire intime de cette liaison serait émouvante, seulement, pour mener profondément une telle recherche, où se prendre ? que croire de ces âmes fermées, difficiles, qui n’avaient pas à nous entretenir d’elles-mêmes ? Nous n’avons pas ici l’équivalent des lettres de Camille Desmoulins. « Mirabeau que j’aimais avec passion, comme on aime une maîtresse… » Il faut attendre le dernier jour et le dernier mot pour avoir, de la main de Saint-Just, une allusion à cette amitié dans un acte qui reste au fond comme un aveu de dissidence.

Commençons par les faits : Le 8 thermidor, pendant cette violente fin de séance où l’on discuta, décréta l’impression, rapporta le décret d’impression du discours de Robespierre, tandis que les choses s’aggravaient d’opinant en opinant, Robespierre jeune, plus fidèle à son aîné qu’un frère de roi, avait pris la parole ; Couthon, Lebas avaient pris la parole ; et puis c’est tout. De Saint-