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SAINT-JUST

dant, nous croirions volontiers qu’en s’exposant autant qu’il le fallait, c’est-à-dire beaucoup, Saint-Just n’ait pas été au delà et se soit ménagé plus qu’en Alsace. Car, à cette date, il veut vivre, il le veut passionnément, il ne se croit même plus le droit de mourir : « On dit qu’ils mourront pour la Patrie : il ne faut pas qu’ils meurent, mais qu’ils vivent[1] ! » C’est qu’il est le maître aujourd’hui comme Napoléon même ne le sera pas, le maître avec un Comité de Salut public et la guillotine, avec les quatorze armées victorieuses de la République et la réquisition, ce « droit éminent de propriété » que Louis XIV avait, mais dont il n’usait pas ; il est la personne royale ; tout ce qu’il a rêvé, maintenant il le peut, l’avenir de la révolution est dans sa main. Il n’y a plus que Robespierre et lui, et Robespierre s’use… Ah, si Saint-Just s’est ménagé à la Sambre, la chose en valait la peine !

Peut-être est-ce le moment de discuter sa part de responsabilités dans les passages malheureux de cette Sambre. Levasseur, qui semble avoir pris son parti de s’incliner devant la carrière civile de Saint-Just, sous condition de se relever lui-

  1. Institutions républicaines.