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SAINT-JUST

je ne veux pas qu’elles deviennent des prétextes de vanité. On annonça la journée de Fleurus et d’autres qui n’en ont rien dit y étaient présents ; on a parlé de sièges et d’autres qui n’en ont rien dit étaient dans la tranchée[1].

Il ne paraît pas qu’à l’armée du Nord Saint-Just ait mieux vécu avec ses collègues. Ici, comme en Alsace, on répondit à sa nature distanceuse, par les mêmes indépendances et les mêmes dissimulations. C’est Levasseur qu’il semble avoir fréquenté ou qui, du moins, s’en vanta. Saint-Just l’aurait mis dans le secret de ses défiances et l’honnête médecin nous dit sa stupeur après une conversation. Ils sont très intéressants, les mémoires de Levasseur, par exemple, quand ils nous disent : « Tout languissait faute d’une direction et d’une volonté, bien loin qu’on pût reconnaître dans ces événements la prétendue volonté de fer de Saint-Just. » Et quand il nous dépeint son collègue : « Sans courage physique et faible de corps, jusqu’au point de craindre le sifflement des balles… » ce beau diagnostic du médecin de la Sarthe est dû, sans doute, à l’aventure intime qu’il nous raconte. Comme il examinait la batterie d’une carabine chargée, le coup partit :

  1. 9 thermidor.