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SAINT-JUST

rappel, jamais leurs lettres n’étaient lues à la Convention. Les malheureux représentants étaient à bout, ulcérés de cette mission en sous-ordre et ayant trop à faire pour être les égaux de Saint-Just. Quand les représentants, chacun de leur côté, ont nommé généralissime à la fois Hoche et Pichegru, la tension est à son comble : « Pourquoi, écrit Saint-Just, quand vous envoyez de vos membres pour exécuter vos plans, pourquoi quand vous et nous sommes responsables, abandonnez-vous la Patrie à l’exercice imprudent et léger du pouvoir ? » Cependant Hoche gardait le commandement en chef, et Lacoste et Baudot revenaient triompher à Paris. Cette fois Saint-Just ne leur disputa rien et, peut-être, comme après Fleurus, eut-il bien tort. Son genre de gloire n’était pas tel que les noms de Wissembourg, Landau, Fleurus et Charleroi fussent inutiles à son épuration. Pour l’histoire, du moins, il n’eût rien perdu à sortir de son mutisme, à s’identifier un peu plus aux victoires. Mais comme nous préférons sa taciturnité, cette rancune bizarre qu’on lui trouve dans le succès, qui le fait revenir de Fleurus « l’air concentré et mécontent ». Il ne voulut jamais faire le rapport sur Fleurus. « Il s’y refusa constamment, dit Barère qui dut