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LES MISSIONS

Nous avons été ce matin au quartier-général ; il résulte de la conférence que nous avons eue avec le général Carley que l’échec de Wissembourg tient au défaut d’ordre, de discipline qui a permis à l’ennemi de surprendre l’armée. L’indiscipline tient à la mauvaise conduite des chefs. Nous avons pris à cet égard des mesures que les pièces jointes à cette lettre vous feront connaître. Il manque surtout à cette armée un chef vraiment républicain, et qui croie à la victoire ; nous espérons trouver Pichegru, et il est à Huningue ; nous lui avons dépêché un courrier, nous l’attendons. Nous ne cessons d’agir pour approvisionner Strasbourg, nous espérons qu’il ne tardera pas à l’être ; mais les diverses administrations de l’armée offrent mille abus déplorables, nous allons pour les réprimer établir une Commission semblable à celle établie à l’armée du Nord. Nous sommes convaincus que les jeunes gens de la première réquisition ne peuvent être employés utilement qu’au moyen de l’incorporation dans les corps actuels, fallût-il porter ces corps à un nombre plus considérable ; il faut dépayser ces pauvres gens de la première réquisition, et surtout ceux des départements du Haut et du Bas-Rhin, qu’il faut bien se garder d’employer en totalité à l’armée du Rhin. Le ministre de la guerre ne saurait trop hâter ce travail. Nous avons autorisé le général en chef de l’armée du Rhin à compléter de cette manière les corps sous son commandement dans le département des Vosges. Il est indispensable de renforcer cette armée. Faites partir en poste des sabres, des pistolets, des carabines pour les dépôts de cavalerie, et que dans douze jours deux mille hommes de cavalerie soient rendus à Strasbourg. L’opération la plus difficile qui nous reste, pour terminer la campagne glorieusement, est de reprendre le terrain jusqu’à Landau. Ne ménagez aucun moyen de faire passer du renfort à Sarrebruck et à Saverne. L’intention de l’ennemi est de se fortifier dans les gorges où il dominerait la Lorraine et l’Alsace.