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LES MISSIONS

S’il ne guillotinait pas en mission, il fusillait, et par états-majors entiers, lorsqu’il leur arrivait de se faire surprendre et de fuir devant l’ennemi. En outre, pendant le siège de Charleroi un capitaine d’artillerie, coupable d’infraction à un ordre important, fut exécuté dans la tranchée. Pour obéir à cet ordre on avait travaillé toute la nuit avec autant d’hommes que l’espace en pouvait contenir. On a beaucoup reproché à Saint-Just ce capitaine d’artillerie.

Il n’y eut pas que du prestige et des rigueurs en ces missions, la sévérité des Commissaires généraux est moins incroyable que leur zèle. « Nous avons sous les yeux, dit Carnot, l’auteur des mémoires, un registre tenu par Saint-Just lui-même de sa correspondance et de ses opérations à l’armée du Rhin, c’est un prodige d’activité. » Non seulement de travail, mais de mouvement. Cette correspondance, elle est datée de partout. Les représentants vont, viennent avec la plus grande soudaineté. « Nous courons toute la journée, écrit Lebas, et nous exerçons la surveillance la plus suivie. Au moment où il s’y attend le moins, tel général nous voit arriver et lui demander compte de sa conduite. » Saint-Just dira plus tard : « Depuis notre arrivée, nous ne