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LES MISSIONS

Les portes de la ville se fermaient tard, les spectacles, les lieux de débauche, les rues de la ville étaient pleines d’officiers ; les campagnes étaient couvertes de soldats vagabonds.

Nous bannissons au nom du salut public les autorités constituées ; nous imposons les riches pour faire baisser les denrées… Nous prenons diverses mesures de police ; le peuple rentre dans ses droits ; l’indigent est soulagé ; l’armée est vêtue, elle est nourrie, elle est renforcée ; l’aristocratie se tait ; l’or et le papier sont au pair…

Ce n’était pas « un étourdi de vingt-six ans[1] » qu’ils envoyaient ainsi en désespoir de cause, et ce ne fut pas au moyen de sa seule « suffisance » que Saint-Just investi de pouvoirs extraordinaires sur deux armées et cinq départements sut tenir en respect dix collègues et deux états-majors. Il s’est toujours inquiété des armées. Dès son arrivée à la Convention, dès les premiers discours[2], on le trouve renseigné comme s’il prévoyait déjà ses missions. Hérédité paternelle, option réfléchie de la plus actuelle besogne ? C’est à ses papiers, au carnet rouge trouvé par Barère dans son bureau du Comité que nous devons les rectifications, les renseignements authentiques sur les forces de la France en 93. Ce carnet ne contient que des

  1. Rapport de Courtois.
  2. 28 janv.-12 fév. 93.