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LES DÉBUTS, LE COMITÉ

veillée, ne retrouve-t-on pas les distances de certain accueil reçu par Decrès à Toulon, l’avertissement de qui se garde pour le rang suprême ? Soit, il fut donc ambitieux, si l’on retient, d’ailleurs, qu’on n’a jamais rien fait en ambition par seule ambition. Vouloir pour vouloir, par avidité pure, vouloir par jeu, cela serait trop fort. Un ambitieux, s’il souscrit à sa fortune plus qu’on n’a l’habitude de donner, doit avoir au moins l’illusion, le goût d’une œuvre. À cet égard, nous savons qu’on ne trouve pas Saint-Just en défaut et Courtois, lui-même, a su faire la distinction :

Les meneurs des comités favorisent la dictature de Robespierre parce qu’elle fonde la leur ; ce n’est pas pour l’exercer isolément, ni au même titre que Robespierre ; c’est pour réaliser leur chimère, qui était le nivellement, la sans-culottisation générale, par l’extinction des richesses et la ruine du commerce[1].

Voilà donc très nettement l’acte énonciatif des faits imputés à Saint-Just et sa quote-part d’accusation dans ce qui est appelé par Courtois « le procès du 9 thermidor ». C’est la dictature qu’on eut à craindre et le genre d’ambition qu’on ne peut lui refuser.

  1. Rapport du 16 nivôse an III.