Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
SAINT-JUST

ques temps l’autorité se passait de la sanction populaire, et l’on ne peut nier qu’il allait grandir aux armées. Il sentait chez ses collègues une estime qu’ils refusèrent toujours à l’incapacité de l’autre et il faut reconnaître que, la dictature admise en principe, comme Saint-Just, disent-ils, tenta de les y préparer, après la candidature de Robespierre aucune autre ne s’imposait comme la sienne. Si Robespierre était le premier citoyen de la République, Saint-Just se savait trop évidemment supérieur au premier.

Fut-il donc ambitieux, marchait-il de propos délibéré à la dictature ? Nous ne l’en défendrions pas, trouvant comme Denys de Syracuse, que la tyrannie est « une belle épitaphe », et Saint-Just appelait suffisamment les choses par leur nom pour que nous soyons en outre édifiés. Il leur a proposé comme il savait le faire, c’est-à-dire par voie de sommation et « prenant des notes sur les paroles de chacun des opinants », de remettre le sort de la France « à une destinée particulière » selon Toulougeon ou, selon les mémoires de Carnot, « à des réputations patriotiques ». Avec sa décision habituelle, il s’acquitte de cette forte démarche et nomme immédiatement Robespierre.

Dans sa réserve, en outre, son attitude si sur-