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LES DÉBUTS, LE COMITÉ

des impôts sera en circulation avec le signe représentatif de l’arriéré. Le peuple alors gémira sous le portique des législatures ; la misère séditieuse ébranlera vos lois ; les rentes fixes seront réduites à rien ; l’État même ne trouvera plus de ressource dans la création des monnaies, elles seront nulles. Nous ne pourrons pas honorablement payer nos dettes avec ces monnaies sans valeur. Alors quelle sera notre espérance ? La tyrannie sortira vengée et victorieuse du sein des émeutes populaires.

Et encore :

Les manufactures ne font rien, on n’achète point, le commerce ne roule guère que sur les soldats. Je ne vois plus, dans le commerce, que notre imprudence et notre sang ; tout se change en monnaie ; les produits de la terre sont accaparés ou cachés. Enfin, je ne vois plus dans l’État que de la misère, de l’orgueil et du papier[1].

Tels furent les débuts. Les deux discours également remarqués eurent un succès d’étonnement. On put dès lors pressentir que Saint-Just ne serait pas un second Robespierre, un laborieux d’éloquence et de tribune, mais peut-être un révolutionnaire de bureaux, à la manière de Cambon, Lindet, Carnot.

Vers la fin de décembre il parle encore dans

  1. 29 novembre 92.