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SAINT-JUST

Ce n’est pas le style du Procureur de la Lanterne aux Parisiens. Saint-Just emploie si souvent dans cette brochure le mot de « conservation » très rare alors, pour ne pas dire inconnu, qu’un de ses historiens s’est demandé s’il n’avait pas affaire à un conservateur. La vérité est que Saint-Just se montre alors pleinement satisfait du degré atteint par la Révolution :

Il est beau de voir comment tout a coulé dans le sein de l’état monarchique que les législateurs ont judicieusement choisi pour être la forme d’un grand gouvernement ; la démocratie constitue, l’aristocratie fait les lois ; la monarchie gouverne !

Rousseau lui-même ne lui en impose pas :

Chez Rousseau de Genève tout sublime qu’il est, la liberté n’est que l’art de l’orgueil humain.

Il avait sincèrement le goût de l’ordre, comme les hommes qui ont en eux de grandes possibilités de tyrannie. Il dit énergiquement : « Là où les pieds pensent, le bras délibère et la tête marche. »

Mais le chapitre où la curiosité se porte d’emblée est celui « de la force répressive civile » intéressant à lire avant les grands rapports de l’an II :

Malheur au gouvernement qui se défie des hommes !