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SAINT-JUST

plupart n’en ont rien dit. Je ne sache point que quelqu’un, jusqu’ici, se soit mis en peine de chercher dans le fond de son cœur ce qu’il avait de vertu, pour connaître ce qu’il méritait de liberté.

Je ne prétends faire de procès à personne ; tout homme fait bien de penser ce qu’il pense, mais quiconque parle ou écrit, doit compte de sa verte à la cité.

Au milieu de ces intérêts je me suis cherché moi-même ; membre du souverain, j’ai voulu savoir si j’étais libre et si la législation méritait mon obéissance ; dans ce dessein, j’ai cherché le principe et l’harmonie de nos lois, et je ne dirai point comme Montesquieu que j’ai trouvé sans cesse de nouvelles raisons d’obéir, mais que j’en ai trouvé pour croire que je n’obéirai qu’à ma vertu.

Je suis très jeune, j’ai pu pécher contre la politique des tyrans, blâmer des lois fameuses et des écritures reçues, mais parce que j’étais jeune, il m’a semblé que j’en étais plus près de la nature.

Il ajoute encore ceci :

Je remarquerai ici toutefois que les peuples n’ont envisagé la révolution des Français que dans ses rapports avec leur change et leur commerce, et qu’ils n’ont point calculé les nouvelles forces qu’elle pouvait prendre de sa vertu.

« Chercher dans le fond de son cœur ce qu’on a de vertu… devoir compte à la cité de sa vertu… n’obéir qu’à sa vertu… » enfin « la révolution prenant de nouvelles forces dans sa vertu… » comme la voilà déjà la révolution puritaine, le fameux