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LES ANTÉCÉDENTS

plutôt par le feu que d’oublier ce serment ». Cette popularité si bien entretenue lui valut de conduire à Paris les fédérés de son pays. À son retour la carrière civique se poursuit. Mais l’essentiel est que les élections pour l’Assemblée législative auront lieu au mois d’août suivant. Saint-Just ne le perd pas de vue et, dans la maison de la rue aux Chouettes, sous la charmille où l’on dit qu’il écrivait tant, il prépare son manifeste électoral.

L’Esprit de la Révolution et de la Constitution de France se souvient, dès le titre et dès l’épigraphe, de l’Esprit des Lois. Barère nous dit qu’il avait beaucoup lu Tacite et Montesquieu, « ces deux auteurs qui abrègent tout ». La préface de Saint-Just commence ainsi :

L’Europe marche à grands pas vers sa révolution.

Le destin qui est l’esprit de la folie et de la sagesse se fait place au travers des hommes et conduit tout à sa fin. La révolution de France n’est point le coup d’un moment ; elle a ses causes, sa suite et son terme : c’est ce que j’ai essayé de développer.

Je n’ai rien à dire de ce faible essai, je prie qu’on le juge comme si l’on n’était ni Français, ni Européen ; mais qui que vous soyez, puissiez-vous en le lisant aimer le cœur de son auteur ; je ne demande rien davantage, et je n’ai point d’autre orgueil que celui de ma liberté.

Tant d’hommes ont parlé de cette révolution, et la