Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
SAINT-JUST

en correspondance avec Camille Desmoulins, qu’il a dû voir à Paris quand il s’occupait de l’impression d’Organt — le poème est annoncé dans les Révolutions de France et de Brabant — lui parle de l’événement :

Vous avez su avant moi que le département était définitivement à Laon. Est-ce un bien, est-ce un mal pour l’une ou l’autre ville ? Il me semble que ce n’est qu’un point d’honneur entre les deux villes, et les points d’honneur sont très peu de chose, presque en tout genre. Je suis monté à la tribune ; j’ai travaillé dans le dessein de porter le jour dans la question du chef-lieu, mais je ne suivis rien ; je suis parti chargé de compliments comme l’âne de reliques, ayant cependant cette confiance, qu’à la prochaine législature je pourrai être des vôtres à l’Assemblée nationale.

Une autre lettre à Desmoulins raconte ceci :

Les paysans de mon canton étaient venus, lors de mon retour de Chauny, me chercher à Manicamp. Le comte de Lauraguais fut fort étonné de cette cérémonie rustipatriotique. Je les conduisis tous chez lui pour le visiter. On nous dit qu’il était aux champs et moi cependant je fis comme Tarquin ; j’avais une baguette avec laquelle je coupai la tête à une fougère qui se trouvait près de moi, sous les fenêtres du château, et sans mot dire, nous fîmes volte-face.

Peu de temps après, nouvel épisode à la romaine, quand il jure, la main tendue sur la flamme d’un libelle qu’on brûle solennellement, « de mourir pour la patrie et l’assemblée nationale et de périr