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SAINT-JUST

que tu ne lui en veuilles pas ; c’est un excellent homme ; je l’aime et je l’admire de plus en plus tous les jours. La République n’a pas de plus ardent, de plus intelligent défenseur. L’accord le plus parfait, la plus constante harmonie ont régné parmi nous. Ce qui me le rend encore plus cher, c’est qu’il me parle souvent de toi et qu’il me console autant qu’il peut. Il attache beaucoup de prix, à ce qu’il me semble, à notre amitié, et il me dit de temps en temps des choses d’un bien bon cœur.

Dans quelques mois, Lebas écrira d’autres lettres où seront perdues ses illusions affectueuses et son étrange simplicité à l’égard d’un Saint-Just « escellent homme », ils ne se quittent pas une heure, passent leurs jours, souvent leurs nuits, dans la même voiture où Lebas caresse mélancoliquement son beau chien et n’attend même plus une parole intime de son collègue : « Je n’ai avec Saint-Just aucune conversation qui ait pour objet mes affections domestiques ou les siennes » ; au début cependant Lebas espère encore[1] :

Nous sommes actuellement très bons amis Saint-Just et moi ; il n’a été question de rien. Nous avons sur-le-champ agi ensemble à l’ordinaire. Gâteau et Thuilliers ont paru très contens de cette bonne harmonie, ils en augurent bien, et nous aussi…

Recommande à Henriette de ne plus être si triste ; mais

  1. Floréal an II. Mission de la Sambre.