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la triomphatrice

ton amour pour Fréville est ce que j’aime le mieux en toi. Il était exquis, ce garçon… et ma chère grande fille a compris qu’il valait mieux que les autres. Elle n’a rien oublié. Pendant quatre ans, alors que personne ne prononçait ici un nom, elle a gardé le grand, le douloureux souvenir. (Doucement.) Pleure, ma chérie.

Denise.

Fréville s’est tué pour vous.

Claude.

On peut hélas ! se tuer pour une femme qui ne vous aime pas, qui ne vous a jamais aimé. Il n’y a jamais eu que de l’amitié entre Fréville et moi, ma chérie, ne crois jamais autre chose… même si on te le dit. Tu m’entends, à la fin, petite borne.

Denise.

Fréville s’est tué pour vous.

Claude.

Que dire ? Que faire ?… Fréville ne pouvait rien espérer… parce qu’il savait que j’en aimais un autre.

Denise.

Vous dites cela pour me consoler…

Claude.

Tu ne me crois pas ?… Alors, cela ne suffit pas ? Ce n’est pas encore assez ?… Je viens de faire pour toi ce qu’une mère n’a jamais fait… Pour garder le cœur de ma fille, pour la consoler, je viens de lui faire un aveu qu’on ne fait qu’à son lit de mort.

Denise.

Je ne vous juge pas, maman.