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la triomphatrice

Claude.

Michel, est-ce que vraiment vous allez croire… Jamais Flahaut ne m’aurait parlé ainsi d’un livre de vous.

Sorrèze.

Il a renchéri sur vos antipathies, voilà tout… Nous cessons de nous comprendre, ma pauvre Claude… c’est presque infaillible, tant qu’on est deux.

Claude, émue.

Nous ne sommes pas deux…

Sorrèze.

Si… croyez-vous que je ne l’ai jamais senti…

Claude, vivement.

Nous sommes deux écrivains, ça c’est probable, mais le métier n’a rien à faire dans l’unité que nous sommes… Jusqu’ici, il ne nous a jamais gênés…

Sorrèze.

Qu’est-ce que vous en savez ?

Claude.

Vous auriez mieux aimé…

Sorrèze.

Eh bien oui, on souffre à la fin… si vous croyez que c’est drôle de voir tourner trente imbéciles autour de vous, trente imbéciles intelligents, qui vous comprennent et qui vous admirent, qui ont votre portrait chez eux, mieux que votre portrait, le décalque de votre être, esprit, cœur et le reste, dans la dizaine de bouquins qui sont en leur possession légitime et quotidienne, qu’ils relisent et qu’ils jugent pour écrire ces articles, où tout en vous est connu, discuté, disputé, votre cerveau, votre cœur et jusqu’à votre sensualité…