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la triomphatrice


Scène 4

Claude, Denise.
Denise, âpre et sèche.

Il tient donc bien à s’en aller ? Je croyais, moi, que j’allais tout arranger.

Claude, très triste.

Ma petite Denise, arrive un peu.

Denise.

Oh ! je vous en prie, maman, pas d’airs de commisération ! Ne pouvez-vous admettre qu’on ne soit pas amoureuse de M. Flahaut ?

Claude.

Ce que je ne puis admettre, c’est le ton, c’est le visage, c’est l’attitude à laquelle tu t’efforces en ce moment.

Denise, désespérée, sincère.

Mais croyez-vous que j’ai besoin d’efforts ? Maman, croyez-vous qu’on puisse vivre auprès de vous ?

Claude, émue, indignée.

Ma fille !

Denise.

Mais il n’y a d’air que pour une femme dans cette maison. Est-ce que j’existe ici ? Qui me regarde, qui m’aime ? J’arrive dans le monde, qui me doit mon bonheur, j’ai tous les droits de ma jeunesse, et voilà que je viens trop tard, la place est prise… une femme m’a ruinée d’avance, sous sa dangereuse tutelle j’ai tout perdu… Ma mère est ma rivale…

Claude, même jeu.

Ah ! tu es bien la fille de ton père…