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la triomphatrice

Claude.

Ainsi, pas même vous, pas même vous n’aurez compris avec quelle passion nous tenons l’un à l’autre… comme tous les badauds dont nous n’avons pu nous cacher, vous n’avez vu qu’un scandale dont on escompte la fin !

Flahaut.

Ne m’en veuillez pas trop, Claude, c’est dur, je vous assure, c’est dur de s’habituer à vous, d’avoir, de par son esprit, le droit de passer des heures auprès de vous… de vous voir vivre, ardente, intelligente et grave, d’entendre votre belle voix parler de ce qui m’est le plus cher au monde, de savoir que nulle part ailleurs il n’existe une atmosphère comme la vôtre (très sourdement) et de vous savoir une femme, Claude, une femme qui a besoin d’amour…

Claude, s’interrogeant.

Je n’ai rien fait… je ne suis plus coquette. Avec vous j’ai toujours été un confrère, une amie, un camarade… je n’ai jamais été une femme.

Flahaut.

La pire coquetterie est de valoir plus d’amour que les autres… Quand on a rêvé d’être aimé par vous, Claude, comment voulez-vous qu’une petite fille…

Claude.

J’ai cinq ans de plus que vous… Allons, Flahaut, ne confondez pas vos amours spirituelles et les simples étreintes du cœur.

Flahaut.

Vous êtes tout l’intérêt de ma vie. La chaleur, l’élan quotidien, je ne les trouve que chez vous… Je m’endors et je m’éveille dans la passion de nos belles causeries… Depuis cinq ans, je viens ici, je ne pourrai pas ne pas revenir toujours…

Claude.

Vous êtes très coupable, vous, plus averti que tant d’autres, très coupable de gâcher notre belle amitié.