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la triomphatrice

Claude.

Je ne sais pas si je suis un psychologue, mais je suis bien sûre que le coupable est cet imbécile de Flahaut, et celui-là va me rendre raison de ce qui m’arrive…

Denise, doucement résignée.

Ne parlez pas à Flahaut…

Claude.

Ne pas lui parler ? Je regrette infiniment de te déplaire… Celui-là n’est pas une sotte petite fille. En cinq bonnes minutes, nous saurons à quoi nous en tenir.

Denise, qui observe sa mère.

Vous regretterez, maman.

Claude.

Entre gens raisonnables, tout s’arrange… Flahaut m’en a confié bien d’autres, il n’y a rien d’indiscret de ma part à lui demander où il en est avec toi. Il sait que je désire ce mariage ; s’il ne voulait pas s’y prêter, il n’avait qu’à s’éloigner. (Denise regarde sa mère avec des yeux étranges.) Eh bien oui, à s’en aller. Je ne serai jamais embarrassée de caser ma fille. Par parenthèse, c’est un des avantages du métier. Denise, veux-tu un artiste, un écrivain, un millionnaire ou un marquis ? Tiens, Roquelaure t’épouserait tout de suite.

Denise, nerveuse.

Maman, laissez mon mariage en repos, je ne vous demande que cela. Je n’épouserai ni grand seigneur, ni littérateur.

Claude, de toute sa force de créature victorieuse.

Tu épouseras qui tu voudras, je te le certifie !

Denise, résignée.

Pas davantage, maman, je n’épouserai sans doute personne.