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la triomphatrice

Claude, se levant avec découragement.

Je doute si peu qu’il est la cause de ta manière d’être, que je vais l’interroger dès qu’il arrivera… Seulement, Denise, ce qui me fait une peine insensée, ce qu’il ne pourrait pas me dire, c’est pourquoi tu te refuses si… vilainement à t’ouvrir à moi.

Denise.

Oui, parlez-lui, maman, c’est cela. (Désolée.) Et après, si vous le voulez, nous reprendrons l’entretien.

Claude, stupéfaite.

Qu’a-t-elle ? mais qu’a-t-elle ? Flahaut t’a-t-il choquée en quelque chose ? Il ne partage pas tes idées…

Denise.

Monsieur Flahaut a vos idées, maman. Vous n’avez pas voulu que ce soit les miennes…

Claude, sautant sur le prétexte.

Alors, c’est cela ? Vous ne vous entendez pas sur les grandes questions.

Denise, avec une indulgence très douce.

Oh non, non, nous n’avons rien discuté de cela, nous ne sommes pas allés si loin.

Claude.

Tu veux me rendre folle… Denise, tu as été la première vie de mon cœur, avant toi je ne tenais à rien. Pendant dix ans, je n’ai eu dans le monde qu’une petite fille en robe blanche qui n’aimait pas se faire embrasser… Denise, j’ai confessé trente femmes et je verrais ma fille se miner de chagrin…

Denise, un peu d’ironie.

Vous êtes un trop grand psychologue, maman. Vous allez chercher des choses extraordinaires.