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la triomphatrice

Sorrèze.

Que puis-je pour vous ?

Claude, dans un cri de bonheur.

Être… être là que je vous aime.

Sorrèze.

Exigez tout de moi… Vous ne m’avez jamais laissé dire ma passion.

Claude.

Chut ! J’ai si peur des mots…

Sorrèze.

Mais ceux que nous n’écrirons pas, Claude ? Je me souviens… la première fois que je vous ai vue, on disait en vous regardant : le physique et la supériorité, c’est trop !

Claude, passionnée.

Ce n’est jamais assez !

Sorrèze.

Je vous avoue, Claude, le rival m’a d’abord ému. J’ai tout de suite compris que je n’aurais de repos qu’en vous aimant : Celui-là me vaut, et c’est une femme. Elle est tout ce que je suis et on le verra bien. Elle m’équivaut, donc elle m’annule… Que faire ? Elle est une femme, une femme qu’un homme aimera… Elle brise la gloire entre mes mains, elle m’est dangereuse, et un homme l’aimera, la tiendra dans le proche et tendre mépris de l’amour. Elle me doit son humilité, elle s’agenouillera devant moi, parce qu’elle est femme et que, si grande qu’elle soit, moi seul peux lui donner toute sa destinée.

Claude, s’est agenouillée et met ses deux mains dans les mains de Sorrèze, dans l’attitude de l’hommage. Très émue, elle rit.

Voilà ! Est-ce que le rival est bien gênant ?