Page:Lenéru - La Triomphatrice.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
la triomphatrice
Flahaut, agacé.

Passez-vous donc d’écrire et de fréquenter des écrivains !

Brémont.

Vous alliez oublier la gloire ?

Claude, furieuse.

Oh ! vous, pour un mot que vous dites, vous tombez à pic.

Brémont.

Je pensais que vous saviez ce que c’est. Puisqu’aussi bien vous l’avez courtisée.

Claude.

Vous ne pourriez pas vous taire, mon petit Brémont ? La gloire, « courtiser la gloire », est-ce qu’on emploie chez moi des clichés pareils ? La gloire ? l’admiration que chacun a pour moi en son particulier, n’est-ce pas ? Brrr…

Brémont.

Mais la postérité est là…

Claude.

Justement non, elle n’est pas là. Et ce tort pour moi est si considérable que je préfère encore le plus rosse de mes contemporains, celui que j’ai vu jaunir d’envie, au plus dévoué célébrateur de mon centenaire. Si mes livres devaient en être plus beaux, je consentirais à ce que pas un ne survive une heure.

Flahaut.

Alors, mon cher maître, je ne comprends pas bien, pourquoi, pour qui écrivez-vous ?

Claude, sérieuse.

Pour vous, Flahaut.