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la triomphatrice
Bersier.

« Chère maman, je vous surprendrai peut-être moins que je ne le crains. Vous m’avez dit souvent que votre métier est de comprendre. Je pars chez grand’mère. J’y resterai sans doute jusqu’à mon mariage, si je me marie. Après ce qui s’est passé entre nous, je crois une explication inutile. Je regrette de partir dans un moment où vous avez du chagrin, tout était décidé, je n’ai pu remettre… » Mais Denise est toquée, qu’est-ce que toutes ces affaires que je ne soupçonnais pas ? (Claude a un geste de découragement.) Vous étiez au courant, vous ?

Claude, qui ne sort pas de sa léthargie.

Elle m’avait jamais dit qu’elle partirait, qu’elle voulait partir… hier encore… non, je n’aurais jamais cru !

Bersier.

Je vous trouve bien large… vous n’auriez jamais cru, parbleu ! Enfin, que s’est-il passé… des scènes entre vous deux ?

Claude.

Pas même. (Frissonnant un peu). Cette enfant-là ne m’aimait pas.

Bersier.

Et la raison vous suffit ? D’abord pourquoi ne vous aimait-elle pas, vous l’avez toujours choyée et gâtée…

Claude, grande mélancolie.

Vous voyez bien qu’elle est partie.

Bersier.

Tudieu ! ma chère, vous en parlez comme d’une alternative acceptable… j’aurai vite fait de vous la ramener…

Claude, doucement.

Non… laissez Denise (Comme un regain de sa vivacité.) Dieu me préserve de garder les gens malgré eux !