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la triomphatrice

Sorrèze.

Ce qu’il y a de changé ? Vcue me demandez cela quand vous êtes pâle comme une morte et quand moi-même… Vous le voyez bien, ce qu’il y a de changé…

Claude, hésitant.

Michel… Depuis ce malheureux article de Flahaut.

Sorrèze.

Oui… Vous m’avez connu moins susceptible, n’est-ce pas ? Si j’ai tant souffert de cette jeune et rude poigne, c’est qu’elle passait entre nous comme le vent froid d’un coup de bâche. (Un temps. Claude réfléchit douloureusement. Bas et vite.) Je ne sais pas concilier l’amour et l’humilité du mâle.

Claude, luttant.

Vous avez été un admirable ami. Rien ne dira le tact, le dévouement… J’ai senti par vous, pour la première fois, la protection masculine. Par vous j’ai connu l’honneur de plier devant ce qu’on aime… C’est vous qui m’avez conduite où je suis… Et cette gloire qui est votre ouvrage, que vous m’avez voulue, que vous avez aimée peut-être en moi, comment nous serait-elle une ennemie ? Elle est notre lien, notre parenté, notre mariage…

Sorrèze, patiemment.

Je l’avais cru, ne me faites pas l’injure de consoler mon amour-propre. Ce n’est pas lui qui souffre. Nous serions médecins, avocats, commerçants, la situation serait la même…

Claude, exténuée.

Je ne comprends pas.

Sorrèze.

Si… vous comprenez, vous comprenez admirablement. Quand l’homme et la femme se rencontrent… fût-ce sur