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la triomphatrice

Claude, se détourne brusquement et fait quelques pas, on y sent de l’impatience et de la détresse.
Sorrèze, mélancolie, sincère. On sent qu’il a trouvé des prétextes à sa souffrance.

Une querelle longtemps étouffée… Je vous ai beaucoup aimée, Claude…

Claude, toujours le dos tourné.

C’est donc fini ?

Sorrèze, simple et émouvant.

Pas encore, hélas, pour nous deux mais cela va mal… Est-ce que deux êtres comme nous peuvent se regarder et ne pas tout comprendre ?

Claude, se retournant.

Alors vous comprenez que j’en meurs ?

Sorrèze, vivement, traîtreusement.

De quoi donc ?

Claude, d’abord surprise, après un silence.

De votre désaffection.

Sorrèze. sincère.

Elle naît d’une telle désillusion.

Claude.

Voilà ce que je ne puis supporter. Je ne vis que par vous, tout ce qui n’est pas vous est lugubre…

Sorrèze.

Erreur, erreur, illusion… mais ce n’est pas de votre faute, mon amie, vous ne pouviez pas savoir. (Avec désespoir.) Il fallait être une femme, et la nature en vous douant à tel point, n’a pas permis, Claude, que cette humble science vous fût révélée.