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la triomphatrice

Sorrèze.

Quand vous optez pour la sympathie, vous êtes des meilleurs. Votre article sur Claude est certainement ce qu’on a fait de mieux sur elle.

Flahaut, de mauvaise grâce.

Il y en a eu d’autres…

Sorrèze.

Personne n’a su voir en elle l’admirable virilité de l’esprit et du caractère. Claude n’est pas seulement un grand écrivain, elle est tout près d’être un grand homme.

Claude, étonnée.

Comment cela ?

Sorrèze.

Je veux dire que la femme en vous, la femme avec ses faiblesses et ses étroitesses n’existe pas. (Mouvement de Claude.) Ferme et droite, intelligente et forte, vous êtes un homme Claude, un homme fait pour l’estime et l’admiration.

Claude, gênée.

Ah… alors voilà probablement ce qu’on dira sur ma tombe ?

Sorrèze, riant.

Soyez absolument sans inquiétude, on dira cela.

Claude, qui se reprend, se renferme.

J’en doute si peu qu’il m’a semblé entendre mon oraison funèbre — à votre avis, quelles sont donc ces faiblesses de la femme qui me feraient défaut ? Ces faiblesses et ces étroitesses si cela allait être des charmes ?

Sorrèze.

Rassurez-vous, vous avez les vôtres. Admirable équilibre. (Claude a un mouvement des épaules.) Vous n’êtes pas nerveuse Claude, première virilité. Vous ne flatterez pas chez l’homme l’instinct de défendre et de protéger.