Quand, regardant coucher sa gloire, un vieil artiste
Quitte son atelier, son lit et sa maison.
Insolvable, Rembrandt vit passer aux enchères
Ses meubles, ses tableaux, ses œuvres les plus chères,
Dans les sordides mains des fripiers de l’Amstel ;
Et vierges, sous des yeux profanes, ses eaux-fortes,
Comme aux souffles d’hiver un tas de feuilles mortes,
S’en aller pêle-mêle aux quatre vents du ciel.
Lui ne remporta rien, rien que sa foi robuste
Dans l’art. – Sans murmurer contre un verdict injuste,
Contre les temps mauvais, contre le siècle ingrat,
Loin du monde, oubliant sa trace disparue,
Il se réfugia dans une étroite rue
Des vieux quartiers perdus au nord du Rozengracht.
Et là, continuant de graver ou de peindre,
Jusqu’à l’heure où le jour achevait de s’éteindre,
Envahi lentement par les brumes du soir,
Lorsque le ciel était sans lune et sans étoiles,
Il souriait dans l’ombre aux lueurs de ses toiles,
De la nuit ténébreuse éclairant le fond noir.
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