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Elle avait demandé un jour dans un cercle d’érudits, où se trouvaient quelques botanistes, le vrai nom de l’arbre qui fournit le palissandre, et personne n’avait pu lui répondre.

Mlle Marthe, ayant beaucoup voyagé, se plut à donner à Georges de curieux détails sur les pépites, les paillettes et la poudre d’or, vannés sur la côte de Guinée, dans le sable des rivières, par de beaux noirs du plus magnifique ébène, et elle raconta qu’elle avait ramassé de sa main des diamants à fleur de terre dans les antiques forêts incendiées du Brésil. Il n’y eut pas de lacunes regrettables dans les dialogues variés de la soirée, mais il n’y eut pas de musique non plus, et on se quitta d’assez bonne heure. Le trio des masques (ils furent assez dissimulés pour mériter ce nom-là), Henri, Georges et Marie, fut affligé d’insomnies bien différentes des beaux rêves de la veille. Seule, Mlle Marthe passa la nuit calme. Avant de fermer les yeux, en songeant à Georges, elle crut bien avoir déjà vu cette figure-là quelque part, mais dans un souvenir très lointain et très vague, et comme cet effort de mémoire commençait à lui fatiguer le cerveau, elle prit le parti de ne plus y penser et s’endormit en paix du sommeil des heureux et des justes.