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la veille et où il avait travaillé le matin même, elle fit une seconde halte, ils vinrent s’y rasseoir.

Ce fut alors que Marie Alvarès renoua le premier dialogue interrompu. Elle était arrivée à une de ces heures décisives qui, dans la joie ou dans les pleurs, marquent les grandes étapes de la vie. Aux intonations sérieuses, presque solennelles de sa voix, aux regards fixes de ses yeux graves, Georges comprit que ses paroles seraient irrévocables.

« Monsieur Fontan, dit-elle, j’ai quelque chose à vous demander, pas à l’artiste, à l’homme simplement. »

Georges affirma qu’il obéirait en aveugle à toutes ses volontés.

« Merci, reprit-elle, écoutez-moi donc quelques instants, je vous prie, et veuillez me répondre sans arrière-pensée, comme je vous parle moi-même. »

Il fit un signe d’assentiment. Elle continua :

« Saviez-vous que le comte de Morsalines (il y a trois ans bientôt) avait sauvé quelque chose de plus précieux que ma vie, celle de mon père et même son honneur compromis ? »

Georges répondit affirmativement.

« Il vous a donc parlé ? reprit-elle. Vous a-t-il aussi informé de la parenté qui nous lie ?… vous a-t-il dit qu’il m’avait demandé d’être sa