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de sa voix musicale et pénétrante, impassible de visage, mais avec l’accent du plus grand accueil.

— J’ose espérer, Marie, reprit le comte, que vous serez plus heureuse que moi. Georges voulait absolument repartir ce soir même. A peine ai-je eu le temps de l’entrevoir. Faites-moi la grâce d’insister pour qu’il nous reste au moins quelques jours.

— Ah ! monsieur, dit Marie, en le regardant bien cette fois, je… vous en prie. »

Pour toute réponse, l’artiste s’inclina de nouveau dans le rayonnement de son regard. Il était subjugué.

Le comte de Morsalines ramassa son fusil, qu’il avait failli oublier (faute assez grave pour un chasseur) ; Georges boucla, tant bien que mal, sur un coin d’épaule, les courroies de son équipement, et Marie Alvarès rouvrit son ombrelle, en reprenant le chemin de l’avenue. Ils revinrent ensemble à menus pas au château, en échangeant un peu au hasard quelques phrases toutes faites sur la belle soirée d’avril.

De quel siècle datait le château ? était-ce brique ou granit de Barfleur ? Et le mobilier ? de style Renaissance ou Louis XV ? Peu nous importe, n’est-ce pas ? Ce que je puis vous affirmer, c’est que notre nouvel hôte trouva dans sa chambre d’ami linge de luxe, brosse à