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La belle promeneuse n’avait pas encore aperçu nos deux personnages quand elle arriva au point culminant de la grande avenue, sur la pelouse de haute lisse où se croisaient les quatre chemins verts. Là, elle s’arrêta court en repliant son ombrelle. Soit que la pente, assez rude à monter, l’eût un peu fatiguée ; soit qu’elle fût trop animée par une marche rapide ; soit enfin que les rayons vivifiants des premiers soleils lui eussent empourpré les joues, elle jugea à propos de faire une halte, s’orienta du regard et respira longuement. Étaient-ce les parfums des pommiers en fleurs, répandus par larges traînées dans l’air attiédi ; étaient-ce les violettes cachées ou les épines blanches qui parlaient du printemps à ses petites narines roses, dilatées et toutes frémissantes ? Non, sans doute ; sa pensée était ailleurs qu’aux idylles ce jour-là. D’instinct elle flairait quelque chose d’inconnu dans la brise. D’ailleurs les