Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

est ailleurs. Comprends-tu ? Voilà ce que j’avais à te dire.

— Et Mlle d’Évran, qui épousera-t-elle ?

— Qui bon lui semblera.

— Sans doute ce gentilhomme de mince étoffe, qui dans sa personne a gardé quelque chose de don Quichotte et de don Juan… le comte Albert…

— Précisément.

— C’était bien la peine, reprit Alexandre, de venir dans ce pays perdu pour se butter à un petit hobereau de province, que j’ai égratigné du bout de mon fleuret, et qui sera sur pied avant un mois ; le docteur Le Bihan en a répondu.

— Tant mieux, dit M. Grandperrin. D’ailleurs il me plaît, à moi, ce gentilhomme, et désormais je te défends d’y toucher et d’en dire un mot mal sonnant devant moi. Tu as compris, n’est-ce pas ? Je veux ce que je veux.

Alexandre savait fort bien qu’avec un oncle pareil, qui par son entêtement légendaire tenait moins de l’homme que du sanglier, il n’avait qu’à se taire ; ce qu’il fit prudemment, ses intérêts d’ailleurs pouvant plus tard en être gravement compromis.