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XIII

Le soir même, en rentrant, il eut une dernière explication avec son neveu, et lui dit presque brutalement :

— Alexandre, tu ne peux pas épouser Mlle d’Évran.

— Parce que ?

— Parce que…

— Et encore ?…

— D’abord, parce qu’elle ne veut pas de toi ; ensuite, parce que sa main est promise à un autre ; enfin, parce que, voulût-elle y consentir, jamais, en réalité, cette femme-là ne t’appartiendrait. Tiens, regarde-moi bien en face. Tu me connais un peu, tu sais que pour Mme Grandperrin, l’ancienne marquise d’Évran, sainte et digne femme que j’ai toujours adorée, je donnerais encore jusqu’à la dernière goutte de mon sang ; eh bien elle n’a jamais été à moi absolument. Qu’importe le corps, quand l’âme