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— Alise, lui dit-il avec un certain trouble dans la voix, saviez-vous qu’Alexandre…

— Alexandre ? fit-elle.

— Ne vous a-t-il jamais parlé de ses intentions, de son plus cher désir… Ne vous a-t-il pas dit que son unique pensée… Enfin qu’il aspirait à votre main ?

— Il ne me l’a jamais fait entendre, et s’il m’en parlait aujourd’hui, je n’hésiterais pas à lui dire, comme à vous-même, la simple vérité.

— Quelle vérité ?

— Ma main ne m’appartient plus.

Ici, M. Grandperrin, dont le teint était toujours si coloré, devint très pâle. Il n’en croyait pas ses oreilles. La volonté d’Alise s’élevant contre la sienne lui semblait quelque chose d’anormal, d’impossible. Autour de lui, d’habitude, on ne résistait pas. Ses moindres désirs étaient des ordres pour tout son monde. Quand il reprit la parole, il avait des tremblements dans la voix.

— Mademoiselle (il n’employait ce terme solennel que dans les circonstances graves), mademoiselle, connaissez-vous bien toute la portée de vos paroles ? Avez-vous suffisamment réfléchi à tout ce qu’il y a de sérieux dans une telle déclaration ?

— Je crois parfaitement le savoir, monsieur répondit Alise.