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VII

Albert de Rhuys fit un récit détaillé de sa journée à Mlle Berthe, qui trouva son neveu désappointé, moins triste pourtant, moins désespéré qu’elle aurait pu le craindre. La chère et fine vieille se complut à le faire causer longuement, et comprit sans doute qu’il y avait désormais dans ce cœur-là quelque chose de plus que des ruines.

— Autrefois, j’ai connu les d’Évran, dit-elle, surtout la mère de Mme Grandperrin. C’était une femme d’un grand sens et fort distinguée. Malgré la mésalliance de sa fille, sans doute excusable, je ne serais pas fâchée de la connaître.

Le lendemain, vers dix heures, dans un rayon de soleil qui tombait des fenêtres et jetait une barre d’or sur la nappe, la tante et le neveu déjeunaient paisiblement en tête-à-tête. Le comte coupait lui-même, sur l’assiette de Mlle Berthe, de petites bouchées que sa fourchette