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arrive comme une trombe, sans se faire annoncer.

Le voyageur monta la côte et sauta au cou de M. Grandperrin, qui l’embrassa joyeusement et le présenta aux promeneurs :

— Mon neveu, messieurs, Alexandre Grandperrin, associé de ma maison de Rouen.

Alexandre salua tout le monde et il eut pour Mlle d’Évran un sourire familier qui déplut singulièrement au comte de Rhuys ; il fut bientôt mis au courant de la question qui s’agitait, et des vingt mille francs regardés comme rémunérateurs ; mais dès qu’il aperçut le ru des Ormes :

— Mon oncle, vous n’y pensez pas, s’écria-t-il, Vous n’avez donc pas vu ce petit cours d’eau ? Il n’a l’air de rien, mais sa force motrice peut être merveilleuse ; ce serait justement votre affaire pour la nouvelle usine dont nous avions parlé.

— Mais si, mais si, je l’avais parfaitement vu, tout aussi bien que toi, répondit M. Grandperrin, piqué au jeu (ce diable d’Alexandre a raison, pensait-il), mais je n’avais encore rien dit. D’autres considérations me faisaient réfléchir. Et, quand tu es arrivé, je me demandais s’il n’y aurait pas un moyen de concilier nos intérêts avec le bien légitime désir de M. le comte Albert, à qui je veux être agréable.