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de la main un signe de ralliement au comte Albert, resté un peu à l’écart, par une réserve facile à comprendre :

— Attendez, dit vivement M. Grandperrin, avant de rien décider, je demande un instant de réflexion.

En jetant par hasard les yeux sur les hauteurs, il avait aperçu à mi-côte un ruisseau rapide qui tombait en cascades, et dont les eaux lui semblaient assez bien nourries.

— Comment nommez-vous ce petit cours d’eau ?

— Il est connu dans le pays sous le nom de ru des Ormes, mais il ne figure pas sur les cartes.

— Ce n’est pas une raison. D’où vient-il ?

— La source est tout près d’ici, répondit Maître Gerbier, sur la hauteur même, dans un pli caché de la colline. Il sort d’une belle fontaine que nous pourrons voir, fait plusieurs circuits, paraît et disparaît, suivant la déclivité du terrain, se perd un instant sous les ruines mêmes, et rejaillit au delà du chemin, tout au bas de la côte, pour tomber dans la rivière, en amont du moulin que vous apercevez.

— Le mien, dit le père Joussaulme.

M. Grandperrin s’étant rapproché du cours d’eau, restait tout rêveur (ce qui lui arrivait rarement), et, se caressant la barbe, il semblait