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Permettez-moi d’ajouter que ce coin de vieux parc ne vaut guère mieux que les ruines, pécuniairement. Ce sont deux non-valeurs, à proprement parler.

— C’est votre opinion bien fondée, je pense ? répondit M. Grandperrin.

— Assurément. Figurez-vous un fouillis d’arbres inextricables où il fait nuit en plein jour, où rien n’est aménagé (on n’y a pas fait une seule coupe depuis trente ans). Ces antiques futaies chevelues et enchevêtrées ne seraient bonnes ni pour la marine, ni comme bois de charpente. Toutes les avenues sont encombrées de vieux chablis, branches vermoulues, tombées au vent d’hiver. On n’y marche plus guère que dans la poussière de bois mort.

— Et qui diable en pourrait vouloir dans ces conditions-là ? fit joyeusement M. Grandperrin.

— Dame, reprit maître Gerbier devenu sérieux, quelqu’un y attachant une simple valeur morale, comme souvenir de famille, votre voisin d’en face, M. le comte de Rhuys…

— Monsieur le comte, ajouta M. Grandperrin, je ne puis de prime abord vous dire ni oui ni non. Ne prenez pas ma réponse pour une parole de Normand. Vous allez vite la comprendre. Je n’ai pas encore vu la propriété. J’ai acheté sans voir, pas tout à fait en