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qui n’avaient l’air de rien voir et se rendaient compte de tout, dont les paupières étaient frangées de longs cils et dont l’iris était brun.

Il ne put se défendre d’admirer avec un sourire d’artiste les libres inflexions d’un cou charmant, vigoureux et d’un blanc mat, que faisaient valoir, dans toute l’harmonie de ses lignes, le corsage un peu échancré et l’opulente chevelure châtain clair relevée à grandes ondes de moire avec des miroitements superbes. Il remarqua également de petites oreilles merveilleuses dans leur volute diaphane, oreilles musicales si jamais il en fut, vraies fleurs de chair où de fins diamants tremblaient comme deux gouttes de rosée.

Et malgré lui il se prit à songer à ces immortelles naïades qui, dans nos bas-reliefs de la Renaissance, versent d’un bras arrondi l’urne penchée de leur fontaine, types d’aristocratie, de jeunesse et de grâce mondaine, que le génie d’un statuaire a su trouver parmi les belles rieuses de la cour de France, en y mêlant un pur souvenir de la Grèce antique.

Albert de Rhuys comprit, du premier regard, que Mlle Alise d’Évran n’avait aucun doute sur son incontestable et fière beauté qu’elle était parfaitement sûre d’elle-même et à l’aise dans sa robe et dans la vie comme un