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le comte Albert de Rhuys, descendu précipitamment de chez Germaine, vint à le rencontrer dans la rue :

— Cela se trouve à merveille, monsieur le comte, dit en souriant maître Gerbier (la politesse en personne), j’allais précisément chez vous, pour vous prier de vouloir bien être des nôtres ce soir même. Notre nouvel acquéreur (pardonnez-moi si ma réserve professionnelle m’a fait garder le silence jusqu’à présent), le nouvel acquéreur des immeubles en bloc de ce pauvre M. Wilson, M. Grandperrin, arrive à six heures précises, et dîne à la maison.

— Mais, dit Albert en feignant une assez vive surprise, quel homme est-ce que ce M. Grandperrin ?

— Un homme très recommandable, fort intelligent, et tout rond, qui vous regarde bien en face ; un des grands industriels de notre monde moderne, quelque chose d’anglo-américain, bien qu’il soit né de parents français sur le terroir du Cotentin. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas le premier venu, tant s’en faut. C’est un vrai fils de ses œuvres. A l’époque de mon dernier voyage à Paris, je l’ai entendu à la Chambre, et bien qu’il n’y eût à l’ordre du jour qu’une simple question pécuniaire, emprunts, obligations, reports et différences, je suis resté sous le charme de sa parole brusque