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pour lui, car Dieu sait s’il est tourmenté par une idée fixe, qui le hante jour et nuit : il voudrait pouvoir racheter les ruines du château de ses pères, qui ne furent jamais à vendre en lots séparés, un coin de parc et ses ruines, seulement. L’Anglais n’a jamais voulu en entendre parler… et d’ailleurs, seraient-elles à vendre, sa mince fortune n’y suffirait pas… Voilà le papillon noir de sa vie…

— Et qui l’empêchait d’épouser une femme riche dans le pays ? A Dol, à Combourg, à Fougères, il n’en doit pas manquer qui se fussent trouvées heureuses et honorées de porter son nom, et dont la fortune…

— C’est précisément ce que lui a souvent répété Mlle Berthe, sa digne tante, aveugle très clairvoyante, je vous assure. Mais il a constamment répondu qu’il n’était pas un coureur de dots. Voilà son dernier mot et où nous en sommes.

— Quel singulier personnage ! reprit Alise, moitié songeuse, moitié souriante. Il faudra sans doute que la demoiselle qui pourrait en vouloir vienne lui demander sa main. C’est le monde renversé. Il s’est fort peu inquiété, du reste, du portrait flatteur et à grands traits que tu esquissais de mon humble personne… et comme il a dégringolé dans l’escalier avec son quadrupède, quand tu lui as parlé de ses ruines et de Maître Gerbier !