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— Un gentilhomme ?

— Pas précisément, mais un notable personnage, considérable et considéré, fort aimé dans son département, membre du conseil général, et député, s’il vous plaît, homme richissime, un filateur de Rouen, M. Grandperrin.

— Grandperrin ? Je ne connais pas ce nom-là. Mais le piano… Ce n’est pas M. Grandperrin, je suppose…

— Non, certes. C’était Mlle Alise d’Évran (inclinez-vous devant ce beau nom), fille de Mme la marquise d’Évran dont, sans vous désobliger, la noblesse est d’aussi pur froment que la vôtre.

— Quel rapport entre Mlle d’Évran…

— Et M. Grandperrin ? Attendez, vous désirez tout savoir avant d’avoir entendu. Mlle Alise d’Évran est la belle-fille de M. Grandperrin par cette raison bien simple que M. Grandperrin a épousé Mme veuve la marquise d’Évran, sa mère.

— Assez forte mésalliance entre l’hermine et le blaireau.

— Vous en parlez bien à votre aise, vous, monsieur Albert. Et la rigueur des temps, vous n’en tenez pas compte ? Vous ne savez pas que ce pauvre marquis avait risqué et perdu presque tout son avoir dans une entreprise industrielle où il ne voyait pas clair… qu’il avait laissé sa