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les environs, tandis que sa tête battait un peu la campagne, il se mit à poursuivre un gibier fictif en attendant que Germaine eût ouvert ses fenêtres. Ce matin-là, les perdreaux lui partaient dans les jambes, il oubliait de les voir, et arpentait comme un fou les genêts, les bruyères et les champs de sarrasin. Il recommença trois ou quatre fois le tour de la maison en resserrant les cercles, comme s’il craignait d’arriver trop vite et d’apprendre trop tôt quelque fatale vérité. Il fit tant et si bien, qu’il était près de neuf heures quand il apparut dans l’avenue par une pluie battante, trempé jusqu’aux os, avec son feutre à bords pleurants, et son chien à l’arrière, la tête et la queue basses, tous deux en fort piteux état, et ne se doutant guère qu’ils servaient de point de mire (par une fenêtre entre-bâillée) à deux paires de regards féminins, fort beaux sans doute, mais très peu charitables dans ce moment-là : ceux de Germaine, d’une part, puis ceux d’une autre personne qui bientôt se présentera d’elle-même. Quand cette dernière entendit le pas du chasseur dans l’escalier, elle se glissa prestement derrière deux grands rideaux de percaline qui, tout au fond de la pièce, abritaient les robes de Germaine, et ramenant les anneaux sur les tringles, elle se blottit, en vraie curieuse qu’elle était, dans cette cachette improvisée, n’oubliant